Mettre en commun les renseignements émanant d’enquêtes permet de détecter les crimes sériels et d’arrêter des prédateurs avant qu’ils ne frappent de nouveau. Repérer ces crimes repose donc sur toute la communauté policière. De nombreuses équipes de la Sûreté du Québec (SQ) et partenaires travaillent quotidiennement à faire la lumière sur des crimes en série commis par des prédateurs sexuels. Pensons aux enquêteurs, aux spécialistes en criminalistique, aux analystes du comportement. Depuis le 6 juin 2005, deux unités de la SQ desservant tous les corps de police font partie de ces ressources précieuses. Elles sont au cœur de la coordination provinciale pour faire face aux délinquants sexuels.
- Système d’analyse de liens sur la violence associée aux crimes (SALVAC) : L’équipe effectue des vérifications et des analyses de dossiers afin de détecter des crimes sériels à caractère sexuel et d’identifier les liens potentiels entre ceux-ci par l’utilisation de la banque de données canadienne.
- Gestion des enquêtes de crimes en série (GECS) : L’équipe veille à la mise en place des conditions nécessaires à la gestion des crimes sériels. La SQ coordonne ces enquêtes et les corps de police partenaires demeurent impliqués tout au long du processus.
Les équipes SALVAC et GECS soutiennent les enquêtes criminelles à travers le Québec et au-delà des frontières, intégrant le filet de sécurité que la société a mis en place contre les prédateurs, qu’ils soient identifiés ou non.
« À la base, c’est à la victime que je pense. C’est pour elle que j’effectue ce travail avec cœur. Je crois au modèle », mentionne la sergente coordonnatrice GECS, Nancy Michaud.
Les indices comportementaux : l’importance des détails
Le comportement des prédateurs sexuels – une mine d’informations pour les policiers – peut les trahir et permettre de relier des dossiers. C’est le mandat du SALVAC d’analyser, de documenter et de corréler ces comportements, explique le sergent Simon Bellerose, responsable d’équipe SALVAC.
Les enquêteurs remplissent un questionnaire standardisé, où chaque détail sur le comportement de l’agresseur augmente les chances de relier plusieurs dossiers.
Il y a un principe de réciprocité derrière la démarche. « L’enquêteur nourrit la base de données avec son cahier. L’équipe SALVAC consulte entre 200 et 300 dossiers comportant des similarités, décèle des liens potentiels et les soumet à l’enquêteur », ajoute le policier. Cette analyse peut nécessiter jusqu’à 20 heures de travail.
« Ce n’est pas une science exacte. C’est de l’interprétation. Les liens potentiels sont soumis aux enquêteurs pour les confirmer ou les infirmer », ajoute le policier.
Autrement dit, bien que ce soit peut-être sa première offense connue, les traits comportementaux d’un agresseur, consignés dans la base de données, pourraient permettre de l’identifier s’il récidive ou s’il a déjà commis un autre crime, où que ce soit.
L’identification d’une série
La sergente Nancy Michaud est sensible au fait que les crimes regroupés sous le commandement unifié GECS laissent des traces chez les victimes. Parfois, le nombre de victimes passe de 2 ou 3 à 14 ou 15. Une quinzaine de GECS sont activées chaque mois au Québec. De quoi donner le vertige… et nourrir la détermination pour continuer à développer cette forme d’assistance cruciale aux enquêtes.
Le mécanisme de détection le plus fiable et efficace des crimes en série? « La vigilance des enquêteurs de tous les corps de police. Ils connaissent mieux que quiconque leurs dossiers », affirme sans hésiter la sergente Michaud. Lorsqu’un lien potentiel entre plusieurs dossiers est suspecté, une analyse est sollicitée auprès de la coordination provinciale pour confirmer la série, l’enrichir et évaluer la mise en place de la structure d’enquête.
Vingt ans après leur création, les équipes du SALVAC et de la GECS demeurent deux maillons indispensables pour la sécurité publique.