Exploiter son plein potentiel. S’intégrer professionnellement et socialement. Faire preuve de débrouillardise et de persévérance. Mme Manal Gurguis et le sergent Joël Gagnon sont deux forces tranquilles qui se définissent bien au-delà de leurs limitations. À l’occasion de la Semaine québécoise des personnes handicapées, ces deux membres du comité directeur des personnes handicapées ont accepté de partager leurs défis, fiertés et réalités. Portraits.
Manal Gurguis : s’impliquer dans sa communauté
Manal Gurguis s’épanouit au sein de l’organisation depuis 10 ans. Elle a débuté comme agente de bureau via le Programme de développement de l’employabilité à l’intention des personnes handicapées, pour ensuite devenir technicienne en administration.
Celle qui travaille au sein de l’équipe de la Division des enquêtes spécialisées en cybercriminalité et crimes financiers trouve une grande fierté à voir le résultat de son travail. « Le travail est varié et il faut faire preuve de créativité. On travaille de pair avec nos collègues policiers et on soutient plusieurs unités. C’est un milieu très stimulant et enrichissant, j’adore ça », souligne Mme Gurguis.
L’employée civile a appris à vivre et à travailler avec ses limitations physiques depuis sa jeunesse. À l’âge de 3 mois, elle a eu la poliomyélite, une maladie qui touche le système nerveux et qui peut entraîner des paralysies. Elle en a gardé des limitations physiques à un bras et à une jambe.
« Mes gestionnaires sont compréhensifs. J’effectue mon travail à ma façon, explique-t-elle simplement. J’arrive à contrôler mes douleurs grâce à des adaptations ergonomiques, notamment avec un petit clavier, une souris verticale, un pose-pied, un pose-main et un fauteuil adapté. Je suis principalement en télétravail pour faciliter l’adaptation de mon espace de travail, mais j’aime aller aux rencontres d’équipe et voir mes collègues. »

Manal Gurguis entourée de ses collègues et gestionnaires lors d’une rencontre d’équipe
« Je suis immigrante. Ça aussi, ça a été un défi. J’ai bâti tout ce que j’ai par moi-même avec persévérance. Je me suis toujours intégrée facilement dans la société. Je veux sentir que j’y contribue », indique-t-elle.
Dans sa vie personnelle, Mme Gurguis aime s’impliquer et donner de son temps. Pour elle, briser l’isolement est très important. « Je vais rencontrer des personnes seules de la communauté égyptienne. Ça me donne de l’énergie et je suis heureuse de faire ça. J’aime aider. »
« Mes limitations font partie de moi et de ma vie, mais je ne veux pas me limiter pour autant. J’aime profiter de la vie et du travail avec ce que la santé me permet », partage Manal Gurguis.
Une autre façon de s’impliquer pour Manal Gurguis est d’avoir rapidement levé la main pour faire partie du comité directeur des personnes handicapées : « On ne le remarque pas toujours, mais il y a beaucoup d’efforts. Je vis avec mes limitations au quotidien; je peux sensibiliser et contribuer. »
Ce qu’elle aimerait lancer comme message durant la Semaine québécoise des personnes handicapées? « Que nous sommes des personnes productives et intégrées dans la société », conclut celle qui a fièrement trouvé et fait sa place au sein de la Sûreté et de la société québécoise.
Joël Gagnon : se redéfinir en exploitant son plein potentiel
Celui qui est dans sa 26e année de service est sergent responsable de l’équipe de l’habilitation sécuritaire de Sherbrooke.
En 2005, un accident de moto chamboule sa vie professionnelle, personnelle, familiale et sociale. Il perd la pleine utilisation d’un bras. « J’ai failli y laisser ma vie. J’ai été deux semaines dans le coma, j’ai eu des chirurgies pour essayer de récupérer de la mobilité et j’ai été en arrêt de travail un an, jour pour jour », se souvient le policier.
« Pour moi, rester à la maison n’était pas une option. Je voulais travailler. J’ai recommencé en faisant des photocopies et du déchiquetage. Ensuite, j’ai fait un an à l’accueil, pour ensuite faire d’autres tâches », explique-t-il.
« D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu être policier. Alors, depuis mon accident, je compose avec le deuil de ne plus pouvoir revêtir l’uniforme et porter l’arme de service, partage le sergent Gagnon. Ça a limité certains choix de carrière, mais d’un autre côté, ça m’a permis de me redéfinir comme policier et de découvrir la gestion et d’y exploiter mon plein potentiel. J’adore ça. »
« La gestion est ma plus belle découverte à travers mon parcours, mais c’est aussi ma plus grande fierté. J’ai cru en mon potentiel. J’ai fait face à des échecs, mais j’ai toujours persévéré. J’ai fait preuve d’ouverture en explorant de nouvelles compétences et je suis allé chercher les connaissances qu’il me manquait. J’ai découvert une force que je ne savais pas que j’avais en moi, lance-t-il ému. Tout ce que ça me prenait, c’est une personne qui me laisse ma chance et qui me permette de m’accomplir. »
« Peu importe le handicap ou les limitations que tu as, la Sûreté offre un vaste choix de carrières. Avec de la volonté, de bons outils, de la confiance en soi et des personnes qui croient en toi, il y a tellement de possibilités », est convaincu Joël Gagnon.
En se trouvant un champ d’intérêt et de la force en soi, tout est réalisable pour exploiter son plein potentiel au maximum. La devise personnelle de Joël Gagnon? « J’ai toujours utilisé les 3P : patience, persévérance et positivisme. Ça m’a toujours accompagné pour trouver ma place. »
Joël Gagnon entouré de son équipe.
« Ce n’est pas parce que je ne porte plus l’uniforme que je ne suis plus policier pour autant. Ce n’est pas parce que je vis avec certaines limitations physiques que celles-ci définissent l’ensemble de mon potentiel. J’aime mon travail et j’aime contribuer avec mon équipe à la mission de l’organisation », conclut le sergent.