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Don d’organes : une rencontre improbable

Date de diffusion : 17 octobre 2025

La chaîne de vie impliquant le travail de l’agent Gabriel Murray pourrait bien un jour changer le quotidien de Nathalie Thibault, une employée civile qui travaille à la SQ depuis 38ans. Le policier est bénévole pour le transport de dons dorganes et sa collègue agente de soutien aux activités policières, est sur la liste dattente pour une greffe de rein.  Ils ont été réunis l’instant d’un moment pour partager leurs réalités dans le cadre de la Journée mondiale du don d’organes et de la greffe, qui a lieu le 17 octobre.  

Vous travaillez dans deux domaines complètement différents. Comment réagissez-vous face à cette rencontre improbable? 

Nathalie Thibault (NT): Ça me touche beaucoup, car l’attente d’une greffe d’organe fait partie de ma vie. Je trouve ça bien de rencontrer une personne qui s’implique. Ces gens-là sont tellement importants et je tiens à les remercier.

Gabriel Murray (GM): Pour ma part, c’est tellement particulier de pouvoir mettre un visage sur une personne receveuse. Ça fait déjà quelques années que je m’implique dans la chaîne de vie du don d’organes en faisant du transport bénévole, mais c’est un processus anonyme, alors je n’avais jamais fait une telle rencontre. Je me sens choyé d’avoir cette occasion.

Nathalie, vous êtes une future receveuse d’organe. De quoi avez-vous de besoin? 

 NT: Je suis en attente d’une greffe de rein. J’ai le syndrome d’Alport, une maladie rénale chronique héréditaire. Je l’ai su lorsque j’avais 25 ans et depuis, c’est comme avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête : tu sais que tu as la maladie, mais tu ne sais pas à quelle vitesse elle va progresser.

Ce n’est pas toujours une réalité qui paraît de l’extérieur, mais ça affecte mon quotidien. C’est une maladie qui a des répercussions sur mon audition, donc ça fait 20 ans que j’ai des appareils. Je dois aussi composer constamment avec l’épuisement et la fatigue. Je suis à un stade où c’est de plus en plus difficile de faire mes journées.

J’ai eu le défi de me trouver un donneur vivant pour un rein, car je ne suis pas encore éligible pour figurer sur la liste des donneurs posthumes. Grâce aux réseaux sociaux, j’ai trouvé une personne de mon entourage. Nous attendons la fin des tests médicaux. Je serais la personne la plus heureuse si ça fonctionne. Ça me permettrait d’éviter la dialyse.

C’est tout un défi de vivre dans l’attente d’un appel qui changera ta vie.

Gabriel, vous vous impliquez depuis 5 ans dans le transport de dons d’organes et plus récemment, vous aidez aussi pour la coordination de l’équipe bénévole de Montréal. D’où vient ce désir de s’impliquer? 

GM: C’est mon ancien directeur de poste, Gabriel Bélanger, qui m’en avait parlé, car il s’implique aussi.

Je me considère vraiment chanceux de pouvoir m’impliquer. Je sens que je contribue à quelque chose d’essentiel tellement plus grand que soi. Chaque petit geste peut faire une différence dans la vie d’une personne.

Pour les policiers bénévoles, ça demande du temps, mais en contrepartie, c’est tellement plus : on contribue à la santé d’une personne qu’on connait peut-être, on aide son prochain. C’est vraiment une façon de sauver des vies différemment.

Est-ce que tu as des histoires marquantes? 

GM: J’en ai deux qui me viennent en tête. La première était lors d’un transport de don d’organe, à Sherbrooke. J’attendais dans le véhicule identifié à l’hôpital pendant que l’équipe médicale effectuait le prélèvement d’organes. Une dame s’est approchée de moi et m’a dit : « Vous allez transporter l’organe de mon mari. Merci. » Ça m’a tellement touché. J’ai compris que j’étais « sur mon X » avec cette implication.

En août dernier, j’ai aussi fait le transport touchant d’un coeur. Le point de prélèvement était au Centre hospitalier universitaire de Sainte-Justine, alors je savais que ça impliquait la vie d’un enfant. Toutes les minutes étaient comptées pour faciliter la chaîne de vie. L’ensemble des intervenants étaient heureux de contribuer à cet appel visant à sauver une vie.

Protéger des vies humaines ainsi que des organes durant chaque transport, c’est une grande responsabilité. Je sais aussi que si une personne quelque part attend après ça, le temps compte.

Quel est le message le plus important que vous voulez partager? 

NT: D’en parler! Auprès de vos proches et de votre entourage. Le 17 octobre est une journée de visibilité, mais il faut en parler autour de soi. C’est aussi important qu’on célèbre la vie. Oui, un don d’organe à titre posthume implique un décès, mais il faut aussi penser à toute la vie qu’il apporte aux gens comme moi en attente d’une greffe. C’est synonyme d’une nouvelle vie, d’un nouveau souffle. Il faut signer le consentement pour offrir un tel cadeau.

GM: En date d’aujourd’hui, l’équipe de Montréal a réalisé plus de 80 transports de dons d’organes en 2025. Nous avons besoin de collègues bénévoles pour que ça puisse se faire. C’est une implication qui requiert du temps, mais elle change la vie et la qualité de vie de plusieurs personnes. Les transports se font à tout moment, alors il nous faut de l’aide pour être toujours disponible.

GM: Et comme Nathalie dit, c’est tellement important de parler dans son entourage de l’importance de signer son consentement au don d’organes, car c’est grâce à des donneurs posthumes, mais aussi des donneurs vivants, que toute cette chaîne de vie-là peut se réaliser.

Que signifie la Journée mondiale du don d’organe et de greffe pour vous?

NT: C’est l’occasion de sensibiliser et d’en parler le plus possible pour donner la chance à des gens comme moi de recevoir une greffe d’organe et avoir accès à une meilleure qualité de vie.

GM: Nathalie le résume bien. Pour moi, c’est de partager la chance que j’aie de m’impliquer pour sauver des vies et améliorer des qualités de vie à ma façon. À la coordination, notre rôle est de prendre en charge les demandes de Transplant Québec 24/7 et mobiliser les bénévoles qui feront les transports.

Nathalie, quel serait ton mot de la fin? 

NT: Mon cœur a toujours été à la Sûreté du Québec; je suis une fière ambassadrice civile. Plus jeune, je voulais être policière et je viens d’une famille de policiers. J’ai commencé en me disant que je pourrais être une policière conventionnelle, mais le programme était suspendu à mon époque. J’ai donc contribué à la mission policière autrement. La SQ, c’est ma vie.

Reconnaître l’implication bénévole et les donneurs 

Notons que chaque année, à la fin du mois d’octobre, l’Association canadienne des dons d’organes, l’ACDO, reconnaît les donneur(-euse)s d’organes et de tissus à titre posthume et les donneur(-euse)s vivant(e)s lors d’une cérémonie non confessionnelle à la Basilique-cathédrale Saint-Michel, à Sherbrooke.

 

L’agent Gabriel Murray a déjà eu la chance d’y assister, et même d’y recevoir la médaille Hommage à l’engagement d’un Grand Samaritain pour son implication bénévole en 2021. « Accompagner brièvement des proches d’un donneur qui reçoit la médaille Ambassadeur de la santé à titre posthume, c’est très touchant. C’est un don qui change des vies. C’est pour ça que je donne de mon temps pour la cause. C’est tellement important », conclut-il.

 

Pour en parler autour de soi: il est possible d’en savoir plus sur le don d’organes et de tissus en cliquant ici.