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Femmes en mission de paix – Trois portraits à découvrir

Date de diffusion : 11 mars 2021

Plus de policières lors de missions de paix internationales; c’est ce qu’encourage la Sûreté du Québec. En 2020, 6 des 8 membres déployés à l’international étaient de la gent féminine, une année record pour l’organisation.

Par leur professionnalisme, leur éthique de travail et leur dévouement, ces policières en missions outre-mer apportent une précieuse contribution aux performances globales du maintien de la paix. Portraits de trois femmes qui font un retour sur leurs expériences.

 

Sergente Bilodeau : leadership en action

La sergente qui agit comme porte-parole à Montréal a été déployée à Port-au-Prince en Haïti en 2019. « C’est la plus belle expérience de ma carrière, et même de ma vie. J’aimerais vraiment le refaire, pour me sentir utile et aider autrui », lance celle qui en est à sa 15e année à la Sûreté.

« C’est tellement enrichissant de donner le meilleur de soi-même; j’ai donné mon 115 %, mais j’en ai retiré 120%! » illustre-t-elle. « J’ai toujours eu envie d’aider les autres et d’apporter un plus à ceux et celles qui en ont besoin. »

Sa mère, qui est enseignante en soins infirmiers, a toujours été sa source d’inspiration. Elle regrettait d’être passée à côté d’une aide internationale; comme policière, la sergente Bilodeau ne voulait pas passer à côté de cette chance. Quitter sa famille et un entraînement très rigoureux ont été parmi ses sacrifices pour se rendre en Haïti : « Pour une femme, les tests physiques sont très exigeants, car le poids de l’uniforme est le double de celui au Québec. Même avec la boxe et des entraînements cardiovasculaires déjà fréquents, j’ai dû faire un entraînement spécifique, mais ça valait le coup! »

« J’ai l’impression qu’en mission internationale, je peux avoir un grand impact positif. Lorsque l’on m’a assignée à l’équipe des affaires publiques, j’ai été accueillie à bras ouverts. J’ai vraiment eu carte blanche. Dès mon arrivée, il était important d’imposer mon rythme. Je voulais léguer le plus d’outils possibles avant la fin de la mission. » Elle a par la suite été responsable de cette équipe.
La policière a notamment réalisé une formation pour l’équipe des communications en Haïti afin d’augmenter la visibilité des belles réalisations des différents districts à travers le pays.

« Sur le plan personnel, c’était tellement riche. Je me débrouille en français, anglais et espagnol et j’ai appris un peu le créole. J’ai tellement rencontré de personnes; j’ai découvert de la nourriture, des coutumes, différentes religions. Ça m’intéressait et je crois qu’on en ressort tous et toutes avec une plus grande ouverture », conclut la sergente Bilodeau.

 

Sergente Thomassin : contribuer à l’équité des genres

Présentement déployée à Kyiv, en Ukraine, la sergente enquêteuse à la Division des enquêtes sur la cybercriminalité a toujours eu le désir de contribuer et de faire partie de la solution : « Être policièer, c’est génétique dans ma famille! Plus jeune, j’ai beaucoup voyagé, mais en tant que touriste, je me sentais impuissante pour agir. »

« En mission, il ne faut pas juste penser aux embûches, car le positif et les apprentissages personnels sont beaucoup plus importants. Ça me sort de ma zone de confort et j’en apprends sur moi; c’est une expérience à vivre et c’est là qu’on découvre qu’on a une réelle capacité d’adaptation! » Elle est d’ailleurs la première membre de la Sûreté à vivre une mission en sol ukrainien

« Les sacrifices ne sont plus les mêmes qu’avant avec la COVID-19, c’est certain que c’est difficile. On laisse nos familles isolées et il y a des enjeux avec les frontières en plus des délais de quarantaine s’il y a une urgence. Les sacrifices sont bien présents, mais pour moi, la contribution est plus importante. Je vis des défis stimulants au quotidien et j’apprécie cette chance. »

« Ni lire, ni parler, ni écrire l’ukrainien est une perte d’autonomie. Je me suis adaptée, je communique en anglais et je travaille avec des interprètes. Je donne des cours de formation sur le leadership. Je suis aussi conseillère pour l’égalité des genres. »

Ouvertement lesbienne, la policière espère normaliser l’homosexualité en étant elle-même et authentique. « Mes collègues le savent et lors de formations, je serais à l’aise de m’utiliser en exemple. Je partage mon expérience de policière canadienne, mais aussi mon vécu personnel », souligne la sergente.

Elle conclut : « J’apprécie beaucoup les privilèges que nous avons au Québec et j’admire le dévouement et l’investissement des gens que je côtoie qui ont une énorme fierté à contribuer à la stabilisation de leur pays. » Comme quoi, grâce à cette mission, la policière peut agir concrètement, loin de son statut de touriste d’autrefois!

 

Sergente Courteau : la planification stratégique en legs

La sergente en liaison autochtone au poste de Kuujjuaq a attendu 6 ans dans la banque avant de partir en mission internationale. Maintenant de retour en sol québécois, elle a fait partie du premier contingent déployé au Mali, où elle a vécu le début de la pandémie, un imprévu sanitaire avec lequel elle a dû composer, loin de ses proches.

De la neige à perte de vue au désert, des températures de -40 à 45 degrés Celsius, la sergente Courteau aura vécu un dépaysement total lorsqu’elle a quitté son poste dans le Grand Nord du Québec pour atterrir à Bamako, au Mali.

« Ces similitudes, dans leurs différences, m’ont certainement aidée. Une alimentation différente, des milieux isolés… Apprendre de nouvelles cultures, être dépaysée et aller vers l’inconnu m’ont toujours attirée » indique la sergente. « À mes collègues qui seraient tentés par l’expérience, n’ayez pas peur et foncez. Notre capacité d’adaptation est grande et les sacrifices en valent la chandelle. J’ai tellement reçu avec cette mission! »

En étant 7 jours sur 7 avec ses collègues, nul doute que les échanges étaient au rendez-vous : « J’ai fait tellement de belles rencontres, autant avec des Maliennes et Maliens qu’avec des collègues de travail internationaux. J’en retire beaucoup de respect, de l’entraide, du partage et beaucoup d’écoute. »

« J’ai été responsable de la planification de la Direction du développement ainsi que Cheffe du Service de la formation pour les Forces de sécurité malienne. Ce sont des fonctions stratégiques au sein de la mission qui nécessitent un important travail d’équipe. Je ne voulais pas freiner mon apport à cause de la COVID-19; j’ai donc poussé le travail de réflexion et de planification afin de voir comment notre service pouvait innover et offrir de la formation aux Maliennes et Maliens malgré la situation. J’ai usé d’écoute; toutes et tous étaient sollicités. Cette démarche a été appréciée de nos partenaires. La COVID-19 a apporté ses nouveaux défis et nous nous sommes ajustés en équipe, avec des gens de tous horizons. »

 

La diversité des policières et policiers dans les déploiements internationaux est essentielle, car elle permet de refléter les membres des communautés qu’elles et qu’ils ont pour mission de protéger.