Nom : Gilbert Labbé (GL).
Rôle : Sergent coordonnateur local en police communautaire (CLPC), depuis le 1er mai 2023, pour le centre de services (CS) de la MRC de Shawinigan qui comprend les postes de la Ville de Shawinigan, de l’agglomération de La Tuque et de la MRC de Mékinac.
Expérience :
• Début de sa carrière de patrouilleur en 2005 dans la MRC de Bécancour. Puis, sergent superviseur de relève, au même poste, pendant environ 5 ans.
• Instructeur en patrouille stratégique à l’École nationale de police du Québec (ÉNPQ) pendant un an.

Le sergent CLPC Gilbert Labbé en compagnie de cadets lors de l’été 2024.
• Coordonnateur des cadets du poste de la Ville de Shawinigan l’an dernier et il le sera de nouveau cette année. Il a aidé à la planification et à la coordination de plusieurs activités de prévention : les bulles piétonnières, la prévention en zones scolaires, l’opération des cyclomoteurs, la sensibilisation aux nouvelles limites de vitesse et à la nouvelle signalisation dans différents secteurs, la remise de dépliants sur la conduite avec les capacités affaiblies, etc.
• Coordonnateur des opérations de « cinémomètres vivants » aux abords de plusieurs écoles du CS.
• Collabore avec la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) pour offrir des conférences sur la sécurité routière auprès des ainés et des jeunes conducteurs.
Tâches : Comme CLPC, ses tâches sont variées et sa boîte courriel est quotidiennement bien remplie. Il reçoit de nombreuses demandes, concernant différentes problématiques, de la part d’élu(e)s, des partenaires internes et externes et des écoles. Il répond aussi présent à de nombreux comités et met en l’œuvre l’approche RELAIS.
Qu’est-ce que vous ciblez particulièrement pour sécuriser le réseau?
GL : En plus de cibler la vitesse, je me concentre aussi sur la prévention des comportements imprudents sur la route et sur la consommation d’alcool et de drogues.
J’ai fait plusieurs présentations, souvent en partenariat avec la policière intervenante en milieu scolaire, dans des écoles secondaires à l’approche des bals de finissants et également dans une école de formation professionnelle pour jeunes adultes. Certain(ne)s enseignant(e)s qui étaient préoccupé(e)s par le fait que des élèves se vantaient d’avoir conduit rapidement sur l’autoroute ou qui observaient des comportements imprudents près de l’école, nous ont alertés.
J’ai aussi établi un lien entre l’école de formation professionnelle et les contrôleurs routiers, étant donné que l’école propose un programme de formation sur la mécanique des véhicules lourds. L’idée est de permettre aux étudiant(e)s d’être mieux informé(e)s concernant la réglementation et la sécurité entourant les véhicules lourds. Ainsi, je les rencontre durant leur première année de formation et les contrôleurs routiers interviennent lors de leur deuxième année pour répondre à certaines questions plus spécifiques.
Croyez-vous que votre rôle en SRT a un impact… :
…sur vos pairs?
GL : Oui, pour orienter certaines de leurs interventions. Par exemple, à la suite des opérations de «cinémomètres vivants», des patrouilleur(se)s sont venu(e)s me voir, surpris(e)s d’avoir émis des constats d’infraction exactement au même endroit où nous avions mené une campagne de sensibilisation la veille, campagne qui en plus avait été médiatisée. Dans ces moments-là, je ressens une grande satisfaction, car je vois l’impact direct sur mes collègues qui observent les mêmes choses que moi.
« La contribution de mes collègues est un élément crucial au succès de mes activités de sensibilisation en sécurité routière. Je ne peux pas prendre le crédit à moi seul; nous sommes tous et toutes impliqué(e)s dans notre mission. »

Une activité de sensibilisation tenue à proximité des zones scolaires et organisée par la SQ, la SAAQ et la Ville de Shawinigan.
auprès de la population?
GL : Toujours lors du même genre d’évènements, les médias vont parfois interviewer quelques conducteurs qui avouent ne pas toujours réfléchir au fait que les jeunes du primaire peuvent avoir des comportements imprévisibles sur le chemin de l’école. Nous avons aussi un bon retour des parents et des équipes-écoles qui sont super content(e)s lorsque l’on organise ce type d’évènement.
…des élus ou partenaires?

Un enfant portant un sac à dos avec un cinémomètre.
GL : La stratégie que j’ai mise en place l’an dernier, c’est de prévoir, dans chaque district électoral, des opérations en compagnie de l’élu(e). À ce moment, la personne peut constater directement sur place, avec moi, ce qui se passe vraiment. Je peux ainsi déconstruire certaines perceptions. Parfois, l’élu(e) a l’impression que les gens roulent vite à un endroit en particulier, à cause d’une courbe, de la taille des véhicules ou de certains systèmes d’échappement bruyants… Ces opérations permettent aussi de voir leur engagement et de mieux comprendre leurs préoccupations.
Est-ce que vous collaborez régulièrement avec des partenaires?
GL : Oui, nous pouvons compter sur des partenaires exceptionnels. Par exemple, au sein de notre Comité global en sécurité routière, mis en place par la Ville de Shawinigan, nous collaborons étroitement avec la SAAQ. C’est un véritable avantage comme elle a de nombreux programmes de prévention, des ressources documentaires et un budget significatif dédié à la sécurité routière. Elle nous informe aussi des initiatives menées ailleurs. Sur ce même comité, nous travaillons également avec des gens de la Ville : des élu(e)s, une personne des communications, des gens des travaux publics, la coordonnatrice des brigadier(ière)s, etc.
De quelle collaboration en SRT êtes-vous particulièrement fier?

Une activité de « bulle piétonnière ».
GL : J’éprouve de la fierté dans l’ensemble des actions que je pose. L’opération des «cinémomètres vivants» me rend fier puisque c’était ma première, que ça a couvert l’ensemble du CS dans un court laps de temps (au moins 5 évènements distincts) et qu’il y a eu une très belle participation des membres de la patrouille par la suite lors de l’évènement de prévention. Je trouve aussi que, combiné avec l’effet des médias, ça a eu un impact multiplié.
L’an dernier, nous avons aussi utilisé les « bulles piétonnières » et ça a aussi été une belle réussite régionale, mais aussi provinciale (l’information a circulé au bulletin de nouvelles de LCN). Les cadets ont grandement participé et certains élu(e)s ont même porté la bulle.
« Parfois, ce ne sont pas des idées qui viennent nécessairement de la Sûreté. C’est là que l’on voit l’importance du partage, de voir ce qui a été fait ailleurs et de réutiliser certains outils qui existent déjà. Il y a plusieurs personnes qui ont de bonnes idées ! »
Au cours de votre carrière, quelles sont les actions spécifiques que vous avez mises en place pour améliorer la SRT?
GL : Ce que je trouve qui fonctionne bien, c’est le partenariat avec plusieurs intervenant(e)s autant internes qu’externes. Avoir des rencontres communes où tout le monde peut participer selon son domaine, parce que le succès d’un évènement ou d’actions mises en place ne repose pas uniquement sur une personne, mais bien sur la collaboration de plusieurs. Il ne s’agit pas d’imposer uniquement notre point de vue, mais d’être à l’écoute des autres.
Il y a aussi la qualité du service que l’on offre. Si un partenaire m’écrit ou me contacte, je vais rapidement lui donner un retour.
C’est aussi important de faire un bilan après chaque évènement, pour voir ce qui a bien fonctionné et ce qui est à améliorer.
« Dans la police, tout comme au sein de la population en général, nous sommes plus sensibles aux éléments visuels. En ajoutant des images à nos présentations ou en bénéficiant de la présence des agents d’information lors des opérations pour faire le lien avec les médias, nous nous assurons de mettre en lumière nos bons coups et nous amplifions leur impact auprès de la population. »
Qu’est-ce qui vous motive personnellement dans la SRT?

Gilbert Labbé lors des Défis du parc national de la Mauricie-Shawinigan.
Gl : C’est le retour des citoyen(ne)s. Quand les gens voient que l’on travaille une problématique qui les touche et qu’ils viennent nous voir directement satisfaits en disant « Je suis tellement content de vous voir aujourd’hui! Ça va faire du bien! »
Il y a aussi le retour de mes pairs. Ici, il y a un policier motard qui a un intérêt plus marqué pour la sécurité routière, qui vient sur les opérations et qui aime vraiment ça participer. C’est motivant d’avoir un retour à l’interne des collègues.
Que diriez-vous aux recrues qui joignent la police et qui doivent faire de la SRT une priorité?
GL : L’importance de la SRT devient évidente lorsque nous sommes confrontés à des collisions graves, comme celles où une personne, faute d’avoir porté sa ceinture, perd malheureusement la vie. Ensuite, on se dit que les constats d’infractions que l’on remet pour le non-port de la ceinture peuvent sauver des vies si des gens prennent l’habitude de la porter. Pour certaines personnes, cette expérience représente un déclencheur de réflexion qui les pousse à reconsidérer leurs comportements et à les modifier.
Quel serait le message que vous aimeriez passer aux citoyen(e)s?
GL : Ce que je remarque parfois, et qui est un peu ironique, ce sont des gens qui vont me mentionner une problématique, mais qui font partie du problème. Par exemple, on va donner un constat à une personne et elle va nous dire que ce n’est pas ici le problème, mais dans son quartier. L’idée c’est d’adopter de bons comportements partout. Pas seulement dans votre quartier quand vos voisins vous observent ou que vos enfants sont dans la voiture avec vous. Il faut être un bon modèle, en tout temps, partout sur le réseau routier.
Est-ce qu’agir quotidiennement en SRT vous rend fier de votre travail et de votre organisation?
GL : Je suis fier d’être policier, et dans notre métier, la sécurité des réseaux de transports occupe une place très importante. Bien qu’elle ne soit pas la seule raison de ma fierté, elle revêt une importance capitale, car nous sommes constamment témoins des conséquences que nos actions en sécurité des réseaux de transport visent à prévenir.