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Contribuer à la sécurisation culturelle

Date de diffusion : 30 septembre 2022

Le Centre Mamik et la Sûreté du Québec travaillent conjointement pour offrir des services aux communautés autochtones.

Qu’est-ce que la sécurisation culturelle, quelle est son importance et comment le personnel de première ligne peut-il y contribuer dans ses interventions? À l’occasion de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation en ce 30 septembre, la question a été posée à des personnes impliquées et à leurs partenaires. Partage de rencontres enrichissantes, diversifiées et remplies de fierté.

Qu’ont en commun l’agent Chachai-Awashish, la sergente Valois et madame Mélanie Boivin? À leur façon, il et elles donnent leur 110 % pour améliorer et adapter les services offerts à la population autochtone de Roberval et ses environs.

Et cela passe par la sécurisation culturelle. Celle-ci se traduit par un ensemble de gestes, de pratiques et de savoir-être qui permettent à un individu de se sentir en sécurité, exempt de préjugés et de discrimination lors d’une intervention ou d’un service offert.

Pour le policier atikamekw Chachai-Awashish, certaines bonnes pratiques jouent un rôle crucial dans cette sécurisation culturelle. Parmi elles, il nomme l’écoute et le temps : « Pour établir la confiance, il faut écouter et prendre le temps. »

La directrice du Centre Mamik, Mélanie Boivin, est du même avis. D’entrée de jeu, la responsable innue illustre : « Tout est une question d’approche et de quelle façon on va arriver dans la vie d’un individu. Il faut prendre le temps de se présenter, car dans les communautés autochtones, ce qui est le plus important, ce sont les relations. Dans une société où tout va vite, la relation n’est plus aussi présente ou personnalisée. » Elle indique que d’établir une relation en expliquant qui on est, pourquoi on est là et comment on peut travailler ensemble pour la suite contribue à ce que les personnes utilisent les services offerts et à leur sentiment de sécurité.

La directrice du Centre Mamik, Mélanie Boivin, et la sergente Valois

 

 

« À partir du moment où les personnes sentent qu’elles sont comprises, entendues et qu’on connait leur langue, leur nation et ses principales caractéristiques, l’approche est beaucoup plus facile et c’est grandement apprécié. C’est un geste très simple, mais qui va changer toute la suite d’une intervention », poursuit Mme Boivin.

 

 

La sergente Valois, sergente en liaison autochtone l’a bien vécu, elle qui est en poste à Roberval depuis 2018 : « Je m’intéressais à l’histoire des communautés autochtones au-delà de la formation de sensibilisation que les membres de la Sûreté reçoivent déjà. J’ai eu la piqûre. Je me suis impliquée, j’ai participé à des événements culturels comme des pow wow et des activités d’artisanat, dont le perlage et la broderie. J’ai parlé avec les femmes, nous avons appris à nous connaître. »

« J’ai accepté de m’ouvrir complètement, sans jugement, d’être dans l’apprentissage et la compréhension, au-delà de mon habit de police. C’est là que le rapprochement s’est fait et que j’ai brisé les barrières de l’uniforme », se rappelle Isabelle Valois.

Pour la policière allochtone, cette ouverture et ces connaissances ont contribué à instaurer une confiance avec les personnes des communautés autochtones qu’elle dessert : « Les échanges sont intéressants et j’apprends. J’admire beaucoup entre autres la spiritualité, la culture, la résilience, la solidarité et la sagesse des communautés autochtones. »

 

La sergente Valois a participé à une cérémonie à la sauge blanche avant une rencontre, au Centre Mamik.

« La présence de policières et de policiers dans notre milieu insécurise certaines personnes, mais rapidement, le contact se fait et je pense que les gens apprennent à travailler avec l’humain derrière l’habit de police. Finalement, ce que ça apporte, c’est la sécurisation culturelle », illustre Mme Boivin.

 

 

 

 

 

La sécurisation culturelle passe aussi par la représentativité de la population desservie. L’agent Chachai-Awashish indique : « La diversité au sein de l’organisation, c’est sûr que c’est un “plus” dans les interventions. Ça contribue à la confiance. Si je prends l’exemple de ma nationalité autochtone, dans une intervention, ça peut arriver que la situation se calme lorsque j’arrive. Les personnes vont me voir et se sentir en sécurité, en confiance et vont commencer à s’exprimer plus. »

(Légende photo) « Je suis fier d’être policier, mais je suis doublement fier d’être policier autochtone, car ça amène une confiance de la population autochtone » – agent Chachai-Awashish

Le patrouilleur renchérit : « D’une certaine façon, les gens sont fiers qu’il y ait un Autochtone policier à la Sûreté qui parle leur langue. Ça les sécurise grandement. À Obedjiwan, sept personnes m’ont remercié de leur avoir référé de bonnes ressources et m’ont dit que grâce à mon intervention, à ma patience et à mon écoute, elles se sont reprises en main, sont maintenant bien dans leur peau et sont heureuses. Et c’est ça ma plus grande fierté : pouvoir aider et être un tremplin pour l’individu, être le début d’un processus de guérison. »

Pour le policier, partager sa culture à ses collègues allochtones peut aussi avoir un impact positif. « Je partage les connaissances que j’ai apprises lorsque j’ai travaillé dans le corps de police autochtone d’Obejiwan. Je leur enseigne aussi quelques mots en atikamekw parce que c’est important de connaître l’histoire et de connaître un peu de vocabulaire dans la langue de l’individu. »

« Dans la relation d’aide, la Sûreté du Québec s’est grandement améliorée dans son approche au cours des dernières années », croit Mélanie Boivin.

L’organisation est d’ailleurs fière de travailler conjointement avec plusieurs partenaires internes et externes pour poursuivre ses efforts afin d’offrir des services culturellement adaptés et pour répondre de façon concertée aux besoins locaux et spécifiques des diverses communautés desservies.