Sauver des vies : c’est ce qu’ont fait avec bravoure Charles Bourdon, Jérémi Ladouceur, Étienne Guibord-Dumais, Dominic Moisan, Éric Simard et Martin Bernard. Sans hésiter, ils ont mis leur vie de côté pour sauver celles de citoyen(ne)s.
Les six membres ont reçu leur médaille pour action méritoire des mains du premier ministre François Legault et du ministre de la Sécurité publique François Bonnardel, lors de la Journée de reconnaissance policière, en mai dernier.
Charles Bourdon et Jérémi Ladouceur : une noyade évitée de justesse
Ces policiers effectuent une patrouille à Inukjuak. Ils sont informés d’un vol de véhicule tout-terrain (VTT) et du fait que deux adolescentes du Centre de réadaptation pour filles d’Inukjuak auraient quitté leur groupe sans autorisation pour faire une sortie à la plage. Elles sont en évasion de garde et doivent être retrouvées.
Le duo rassemble l’information et ratisse le village. Le VTT volé est localisé par son propriétaire. Les adolescentes l’ont abandonné en marche et se seraient dirigées vers la rivière.
Lorsque l’agent Bourdon retire les clés du contact du VTT, il entend des cris de détresse provenant de l’endroit de la rivière. Il aperçoit les adolescentes à 200 mètres de la berge. L’une d’elles peine à tenir sa tête hors de l’eau les bras en l’air. Le temps presse.
Charles Bourdon et Jérémi Ladouceur lancent un appel radio et plongent à l’eau. Ils réussissent à récupérer l’une d’elles sans résistance et lui donnent les soins d’urgence sur la berge, tandis que la seconde poursuit sa nage vers la rive opposée.
À l’arrivée des renforts, ils repartent à la recherche de la seconde fugitive. La noirceur tombe et l’adolescente de 13 ans se déplace pieds nus en terrain accidenté. Ils la retrouvent et la convainquent de retourner au centre. Leur travail d’équipe ainsi que leur intervention rapide et habile autant sur terre que dans l’eau ont permis de ramener saines et sauves les deux personnes et d’éviter une noyade.
Quel mot décrit le mieux leur intervention? « Rapidité, car chaque seconde comptait. Nous devions agir vite afin d’éviter le pire », se rappelle le sergent-enquêteur Charles Bourdon.
« Je suis fier de faire partie d’une aussi grande organisation et de m’y réaliser professionnellement. Ce n’est pas tous les jours que nous recevons une tape dans le dos en tant que policier. Je suis bien content d’avoir reçu cette médaille », ajoute-t-il.
Étienne Guibord-Dumais et Dominic Moisan : sauver un homme d’un véhicule en feu
Les agents Étienne Guibord-Dumais et Dominic Moisan, du Centre de services de Sainte-Anne-de-Beaupré, ont reçu un appel de la famille d’un homme ayant des pensées suicidaires.
Ce dernier était parti le matin sans donner de nouvelles à ses proches; sa sécurité paraît compromise étant donné son état psychologique fragilisé qui avait d’ailleurs nécessité une intervention la veille.
Le duo travaille de concert : l’un remplit le formulaire de disparition avec les proches et l’autre recueille des informations du voisinage. L’un d’eux aperçoit la voiture de l’individu et part à sa rencontre. Celui-ci accélère et prend la fuite dans un chemin forestier étroit sans issue.
La personne en détresse opère rapidement un demi-tour, frôle le véhicule de l’agent Guibord-Dumais et va percuter l’autopatrouille de l’agent Moisan; l’impact est inévitable.
Le policier subit des blessures légères, mais sort quand même immédiatement de son véhicule pour aller aider son collègue à secourir la victime, qui est prise au piège dans son véhicule d’où émanent feu et fumée.
La personne refuse leur aide et verrouille ses portes. Les flammes gagnent en intensité. Les policiers brisent une vitre et réussissent à extirper l’homme, qui sera emmené à l’hôpital.
Le duo a réussi à protéger le citoyen de lui-même malgré une forte résistance et un véhicule en feu. Ils ont fait preuve de ténacité, de courage et de sang-froid pour sauver sa vie.
Pour l’agent Guibord-Dumais, l’intervention allait de soi : « Je dirais que le mot instinctif serait approprié. Étrangement, tout s’est passé très rapidement, mais je n’ai pas le souvenir de m’être demandé ce que je devais faire. Je savais tout simplement ce que je devais faire à ce moment. »
S’il avait à décrire l’intervention en un mot, son collègue Dominic Moisan utiliserait pour sa part le mot adrénaline : « C’est incroyable ce qu’un « rush » d’adrénaline peut nous faire faire. Déjà, quand on a l’appel, on sent l’adrénaline en nous monter, mais lorsqu’on est vraiment dans l’intervention, elle nous pousse à nous dépasser. On se fie à notre instinct et ça nous permet de surpasser des moments qui sont hors du commun. Sans l’adrénaline, l’intervention aurait peut-être été différente. »
Que signifie cette médaille? « Humblement, cette médaille est un symbole de fierté qui me rappelle ce pouvoir d’avoir un impact positif pour les citoyens et mon devoir de tout faire en ce sens », indique l’agent Guibord-Dumais. « Je crois que chacun(e) de mes collègues policiers passe par des interventions qui peuvent les marquer et elles et ils ne reçoivent pas de médaille pour cela. Bien évidemment cette médaille apporte le sentiment de fierté et elle rappelle que notre vie peut être à risque dans les moments inattendus. Cette médaille est une distinction, mais elle ne va pas me changer ni changer la façon dont j’interviens au quotidien » ajoute son collègue Dominic Moisan.
Le duo partage la même fierté : celle d’avoir un impact positif auprès de la population. « Que ce soit pour un appel à l’aide d’une personne en détresse ou pour une intervention avec un volet plus criminel, on est là quand ça compte et c’est ce qui me rend fier », explique l’agent Moisan.
Martin Bernard : un homme évacué d’un incendie
L’agent Martin Bernard, qui travaille au poste de la MRC de Rimouski-Neigette, a contribué à prévenir une perte humaine lors d’un incendie de ferme.
Lors de l’appel, il arrive le premier sur les lieux et constate qu’une épaisse fumée sort de la base de la toiture. Une citoyenne en pleurs accourt vers lui : il faut raisonner son fils qui s’acharne à tenter d’éteindre le feu.
La vie de l’agriculteur étant menacée, le policier décide de suivre la mère à l’intérieur du bâtiment afin qu’elle le conduise jusqu’à l’échelle donnant accès à l’entretoit du bâtiment. Déterminé à agir pendant qu’il est encore temps, il grimpe à l’étage et crie le nom du fils afin de le localiser malgré l’épaisse fumée.
Sa vision est limitée et sa respiration est incommodée. Il localise et atteint l’homme, qui avait vidé 4 extincteurs sans avoir pu freiner la progression de l’incendie.
L’agent l’agrippe et le sort de l’édifice avec lui. Le citoyen est ensuite pris en charge par les services ambulanciers, tandis que les pompiers arrivent en renfort et parviennent à maîtriser l’incendie sans perte matérielle majeure ou humaine.
L’intervention rapide de l’agent Bernard est empreinte de sang-froid et d’altruisme, n’ayant pas hésité à braver le danger que représentait la fumée et le feu dans une zone très inflammable.
Éric Simard : éviter le pire dans un bâtiment de ferme en feu
L’agent Éric Simard et ses collègues reçoivent un appel pour un incendie dans un bâtiment de ferme, dans la MRC de Rimouski-Neigette.
Il est l’une des deux personnes arrivées en premier sur les lieux et constate que le propriétaire tente d’éteindre le brasier seul à l’aide d’un extincteur.
Malgré le risque posé par cet environnement hostile, Éric Simard décide de progresser à l’intérieur afin de soustraire l’homme à cette situation dangereuse. Son collègue tente de le suivre, mais il se voit contraint de rebrousser chemin en raison de l’épaisse fumée.
Le citoyen refuse de quitter les lieux pour tenter d’éteindre le feu. Le policier lui enjoint de le suivre sur-le-champ, mais l’homme refuse, obnubilé par son objectif d’éteindre le brasier. Tous deux ont de plus en plus de mal à respirer. L’agent Simard s’impose et réussit enfin à évacuer l’agriculteur, qui devra toutefois être maîtrisé par son collègue, car il persiste à vouloir retourner vers l’élément menaçant.
Les pompiers arrivent sur les lieux et éteignent rapidement les flammes, sauvant de ce fait le troupeau, les dépendances et le matériel environnant. L’homme est transporté dans un centre hospitalier pour des blessures mineures et une détresse respiratoire, tandis que le policier est placé sous oxygène quelques minutes seulement.
L’agent a usé de ses réflexes professionnels et de son instinct de survie pour porter assistance à l’agriculteur.