La plupart des manifestations sont paisibles et se déroulent dans le respect des règles. Les policiers jouent alors un rôle d’accompagnement pour en assurer la fluidité. Mais si elles prennent une tangente violente et menacent la sécurité, le front policier est maintenant plus uni que jamais grâce à un nouveau modèle harmonisé des techniques. Portrait d’une innovation qui rassemble l’expertise de partenaires.
À l’origine de ce partenariat
À la fin de l’année 2022, la Direction des mesures d’urgence (DMU) de la Sûreté est approchée pour assister l’École nationale de police du Québec (ENPQ) dans la mise à jour de la formation en maintien et rétablissement de l’ordre (MRO). La DMU fait alors appel au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et au Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) et propose de revoir l’offre de service. Ensemble, les quatre organisations forment un comité d’experts pour mettre sur pied un nouveau parcours d’apprentissage, de la planification d’un événement jusqu’au rétablissement de l’ordre.
Il faut dire que les trois corps de police ont travaillé ensemble dans le cadre de la COP15. « Nous avons réalisé qu’il était possible de réunir l’expertise provinciale, d’assurer un développement uniforme des pratiques et de garantir la pérennité du savoir à l’intérieur des organisations. C’est ce que nous avons réussi à faire avec ce nouveau modèle provincial harmonisé », explique le lieutenant Jean-François Villemure, coordonnateur des programmes et formations au Service d’intervention d’urgence.
Patrick Paquet, expert de l’ENPQ et policier du SPVM à la retraite, explique que le climat social qui divise parfois amène les organisations à travailler de plus en plus en MRO. « Les manifestations changent. Le travail policier, dans l’accompagnement de ces manifestations, dans l’accompagnement du droit à manifester, est important. On doit changer nos façons de faire », résume-t-il.
« Le rôle de l’École, c’est entre autres de transposer ces meilleures pratiques dans les contenus de formation », ajoute l’expert. Le sergent spécialiste de la DMU, Dominique Éthier, abonde dans le même sens : « Avec ce modèle provincial plus mobile, cohérent et polyvalent, nous offrons une réponse adaptée à la nouvelle réalité de la gestion de foule au Québec. Cette harmonisation permet de mettre en commun nos acquis et notre savoir au service de la population. »
La structure policière face à la désorganisation de foules
Pour faire face efficacement aux groupes qui désorganisent des manifestations pacifiques, le meilleur atout des policiers demeure une structure étanche dans laquelle chacun joue un rôle-clé. Cela peut paraître simple lorsqu’on observe le travail policier. Or, le nombre de personnes présentes et l’urgence d’agir quand ça déborde compliquent considérablement les actions, d’où l’importance de bien connaître son rôle individuel à l’intérieur du mandat collectif.
La cohérence des actions policières, toutes organisations confondues, est susceptible d’augmenter la performance face à la désorganisation d’une foule, limiter les effets délétères de celle-ci et d’accroître la sécurité de tous.
Le sergent Éthier précise: « On a joué notre rôle de corps de police national. On s’est fait un devoir de prendre toutes les meilleures pratiques des corps de police et de les harmoniser. Notre objectif demeure d’offrir le meilleur service possible à la population, de lui permettre de manifester et de le faire dans la sécurité. »
Ce partenariat novateur permet aussi d’avoir un bassin provincial de formateurs de même que des sites de formations dans l’est et l’ouest de la province.